Maine, Mayenne, Sarthe : généalogie

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Les FILOCHE D'ALENCON

 

 

Ayant abordé l'étude du patronyme FILOCHE en Mayenne (voir Bordager nO 36 et n' 41 ), je m'effiloche maintenant dans la dentelle à Alencon. Il est difficile d'aller vérifier l'origine exacte de ce patronyme mais il est assez surprenant quand même de trouver de nombreux marchands dans le commerce du tissu. Le point de départ de cette étude, c'est la découverte d'un fonds d'archives aux Archives Départementales de Laval. Ce fonds (2J3, 2J4, 2J5) comprend un nombre important d'actes notariés provenant certainement d'une riche famille de notables d'Alencon, la famille TOURNELY, mais noté FILOCHE. En faisant l'inventaire de ces actes, je n'avais qu'un bref apercu de ce qui devait m'attendre. Cet été, je suis allé aux Archives Départementales d'Alencon pour en savoir plus. De fil en aiguille, je commencais à tisser la toile généalogique sans vraiment savoir que j'étais au coeur de la dentelle. Et pour conclure mes relevés, je'mis la main sur le livre "Histoire du Point d'Alencon" d'Éléonore DESPIERRES, édité en 1 886, un peu par hasard. Dans ce livre, j'y ai puisé une partie des renseignements qui complète mon relevé dans les registres paroissiaux de Notre Dame d'Aiencon.

Il- Le Point d'Alençon , "La dentelle des reines, reine des dentelles"

A la fin du XVe siècle, Aiencon devait connaître la broderie sur étoffes et sur toiles. Une centaine d'années plus tard, le point-coupé fut introduit. Puis au milieu du XVIle siècle, Marthe BARBOT, épouse puis veuve de Michel MERCIER, sieur de La Perrière, imite et perfectionne le "Point de Venise". Mais "son génie propre dominant son désir de copie", elle créa le "Point d'Aiencon" (Point d'Aiencon ou vélin du nom d'un support provisoire de fabrication en parchevin ou velin. Les ouvrières étaient parfois baptisées vélineuses), ainsi nommé à partir de 1 663. L'innovation et le savoir-faire seront transmmis à des dizaines de dentellières.

Une lettre de l'intendant FAVIER-DUBOULAY du 7 septembre 1 665, adressée à COLBERT, un document d'une haute importance puisqu'il nous donne le nom de la personne qui, la première, fit à Alencon l'imitation du Point de Venise et y

forma les premières ouvrières.

FAVIER-DUBOULAY à COLBERT (DEPPING, tome 3, p 747), le 7 septembre 1 665:

" ... Comme je crois qu'on ne vous a pas donné à cognoistre ce que c'est en ce pays le point qu'ils appellent de vélin, permettez-moy, s'il vous plaist, Monseigneur, de me donner l'honneur de vous dire qu'il y a très-longtemps que le point coupé se faict icy, qui a son débit selon le temps; mais qu'une femme nommée La Perrière, fort habile à ces ouvrages, trouva il y a quelques années, le moyen d'imiter les points de Venise, en sorte qu'elle y vint à telle perfection, que ceux qu'elle faisoit ne devaient rien aux estrangers. C'est qu'elle vendoit chaque collet 1 500 et 2000 liv. Pour faire ces ouvrages, il luy fallc)it enseigner plusieurs petites filles auxquelles elle montroit à faire ce point; parce que l'ouvrage estoit fort long à faire, elle ne pouvait pas seule y parvenir. Toutes ces petites filles s'y sont rendues maistresses; et comme elles ont veu que ladite La Perrière y profitoit beaucoup, l'envie les a pris d'en faire pour elles-mesmes et pour leur profit particulier, en sorte qu'elles ont esté obligées d'en emploier aussy d'autres, qui, de l'une de l'autre, ont transféré cette industrie à tant de personnes petit à petit, qu'à présent je vous puis asseurer qu'il y a plus de 8 000 personnes qui y travaillent dans Aiencon, dans Séez, dans Argentan, Falaise, et dans toutes les paroisses circonvoisinnes. Cela s'est écoulé jusque dans Fresnay, Beaumont, Menars (probablement Mamers) et paroisses circonvoisinnes du pays du Mayne, de facon que je suis vous asseurer, Monseigneur, que c'est une manne et une vraie bénédiction du ciel qui s'est espandue sur tout ce pays;, dans lequel les petitz enfants mesmes de sept ans trouvent moyen de gaigner leur vie, et les autres de nourrir leur père et leur mère et de faire entièrement subsister leur famille. Les vieillards y travaillent et y trouvent leur compte. Mais, ce qui est considérable est que dans toutes les paroisses la taille ne se paye que par ce moyen, parce qu'aussytost que l'ouvrage est faict, ils en trouvent le débit et sont paiez. C'est ce qui leur faict à présent crier miséricorde, parceque toutes sortes de personnes ne seront pas propres à travailler au point qu'on veut faire faire, et les enfants en seront frustrez et esloingnez, parcequ'ilz ne peuvent estre assez habiles pour s'aplicquer à ce point si fin; et tous ceux et celles mesmes qui y gaignent leur vie et leur subsistance ne pourront jamais y parvenir, estant accoustumez au gros point dont néanmoins ils ont à présent le débit; c'est ce qui faict qu'ouvertement ils résistent à ces établissements (il s'agit ici de l'établissement, à Alencon, de la manufacture du point de France), croiant que par là on leur oste le pain de la main et le moyen de paier

leur tai'lle. Les petites bergerettes des champs y travaillent mêmes.

C'est ce que j'ai creu en ma conscience estre obligé de vous représenter, et de vous faire cognoistre le tort que l'on veut faire à tout un pays que le ciel a favorisé par cette industrie qui donne la vie et la subsistance à tant de milliers d'âmes. Voilà la vérité des choses ! Clue si après ces réflexions pleines de pitié et de commisération, pour ces pauvres gens, vous m'ordonnez d'agir, je ne manquerai en rien pour faire tout ce que vous me ferez l'honneur de me commander."